be your own hero !

Le nez plongé dans l’un des nombreux bouquins qui constituaient la bibliothèque de son grand-père, le jeune Ulysse, alors âgé de huit ans, épiait avec émerveillement les moindres lignes de « Lois fondamentales et cercles de bases ». Il avait alors parcouru 297 pages du livre, et il en restait encore deux bonnes centaines avant que celui-ci n’arrive à sa fin. Mais il était tard, et la bougie posée sur le coin du bureau du jeune homme commençait à battre de l’aile. Ulysse, ne pouvant se détacher de son livre, poussa un long soupir, avant de s’effondrer radicalement sur celui-ci. Depuis sa plus tendre enfance, Ulysse n’avait cessé d’entendre parler de l’alchimie, et de tout ce qui la constituait. Plus il en entendait, et plus il avait envie d’en apprendre au sujet de cette mystérieuse action, dont il ne maitrisait, pour le moment, que peu de chose. Son grand-père avait réussi à lui incurver les valeurs auxquelles il s’attachait particulièrement, comme celles de la loyauté, de la patience, ou encore de la persévérance. Il n’était pas de ceux qui franchissaient des limites, et Ulysse l’admirait énormément pour cela. C’était son modèle, son exemple, et c’était lui qui réussissait à donner un sens à sa vie. Les jours se suivirent, et plus le temps passait, plus Ulysse avait soif d’apprendre de nouvelles techniques, toutes, bien sûr, enseigné par son grand-père.

« Regarde, il faut que tu places tes mains ainsi. »
« Comme ça ? » insista le jeune garçon.

L’innocence d’Ulysse laissa à Edward le privilège d’esquisser un sourire. Il était si jeune, et pourtant si doué. Edward n’avait jamais pensé pouvoir enseigner à son petit fils, ce que son grand-père lui avait appris. Il pensait qu’il ne serait qu’un de ces petits alchimistes qui gardent leurs connaissances pour eux. Mais, depuis quelques temps, il était fière de montrer que lui aussi, pouvait être un mentor, et une personne sur laquelle Ulysse pouvait compter. Edward était épris d’une immense affection pour son petit-fils, affection qui dépassait d’ailleurs souvent celle de ses propres parents. Une vraie relation s’était installée entre eux Leur complicité devenait presque effrayante tellement elle était grande. Ils passaient leurs journées ensemble, à parler alchimie, cercles et transmutations. Ulysse se passionnait encore un peu plus chaque jour de ce qu’il apprenait. Les années passèrent, et Ulysse pouvait désormais prétendre à une réelle place entant qu’Alchimiste, place dont il rêvait depuis déjà bien longtemps. La veille de son tant attendu examen, Edward se trouva souffrant. Fiévreux et suffoquant, Ulysse songea à renoncer à son examen pour rester au chevet de son grand-père.

« Tu dois être là le jour de mon examen... je vais échouer si tu n’es pas présent. »
« Tu vas y aller, et, en plus d’y aller, tu vas le réussir. Avec, ou sans moi. »

Une larme coula sur la joue du jeune homme. Il savait qu’il n’y arriverait pas sans lui, que tout devenait désormais impossible. De plus, il venait de réaliser que tout allait lui échapper. L’alchimie, son maître, et sa vie. Rien n’était aussi simple qu’il l’avait prévu, qu’il l’avait toujours prévu. Dès l’âge de huit ans, il se voyait déjà au plus haut grade de l’alchimie, celui qui le mènerait à la gloire et au respect d’autrui. La respiration désormais critique d’Edward trompait son visage rassurant. Les alchimistes n’étaient pas immortels, il allait partir, et il le savait.

« Demain, je veillerai sur toi, je serai là, je serai toujours là, dans ton cœur. »

Edward toucha avec maladresse le cœur d’Ulysse, puis, dans un dernier souffle, ferma les yeux. Une seconde larme coula sur le doux visage d’Ulysse. Fermant lui aussi les yeux, il passa sa soirée aux côtés du défunt. Le lendemain, c’est un nouvel Ulysse qui apparu à son examen, transformer par ce qu’il venait de vivre, il trouva la force de tout affronter d’un trait. C’était son destin, il était né pour l’alchimie, et il ne pouvait pas abandonner son rêve ainsi. Il devait le faire, pour lui, et pour son grand-père. Il passa avec brio les différentes parties de son examen. C’était finalement bien plus simple que ce qu’il avait imaginé. Peut-être n’était-ce finalement pas un si grand hasard ?