be your own hero !

Ma raison vacille et tangue, elle est prête à chavirer sous les coups de boomerangs de flash-back enchaînés, et si un jour je me flingue c'est à toi que je le devrais

« Sissy ! Hé Sissy, réveilles toi ! Papa, il fait encore une crise ! » Secouée comme si elle avait été la victime d’un tremblement de terre, la belle brune ouvre péniblement ses yeux céruléens les plongeant dans ceux d’une petite sœur échevelée et apeurée, prise visiblement sous la panique. Elle retira ses couvertures, prenant le temps de retrouver ses esprits encore embrumés par les bribes d’un cauchemar à peine évanoui. « Ou est Maman ? » « Pas encore rentrée. Elle a dit qu’elle prendrait le prochain train » « Et Clyde? » Silence. « Avec papa… » Un soupire déchira sa gorge, se retenant de hurler. Elle allait devoir intervenir et au plus vite, entendant déjà les méfaits de la tempête qui faisait rage dans le salon. « Qu’est ce qu’il a prit cette fois ? » « Comme d’habitude, sauf qu’il a rajouté un rail de coke. » La brune se leva en trombe, sa petite sœur sur les talons lorsque retentit dans la maison un bruit significatif de verre brisé. Tous savaient qu’Il était incontrôlable lorsque ses crises le prenaient. Tous, puisque depuis cinq ans les bouteilles de Whisky étaient devenues son seul soutien, date à laquelle Il s’était fait licencier de son poste d’Alchimiste d’Etat. Le salon était une pièce toujours bien ordonnée, rangée par les soins de la maitresse de maison qui ne tolérait aucuns plis disgracieux dans ses rideaux gris et aucune tâche sur les fauteuils jaune en daim. Elle allait être furieuse car l’infâme boisson se répandait déjà sur la maroquinerie, et le verre brisé incrusté dans les poils du tapis. Clyde, son frère, tentait de raisonner leur père, il était l’aîné de la famille, âgé seulement de quinze ans. Mais il leur était devenu coutumier de faire entendre raison au ‘Commandant’ lors de ces nuits ou il n’allait pas bien. Ce dernier lui jeta un regard qui lui donna des frissons, avant de s’adresser à elle. « Regarde Bridgess, ta sœur est magnifique, hum…Crois moi elle doit en faire ban… » « COMMENDANT ! » Le son s’était échappé des lèvres de la benjamine, choquée qu’il puisse tenir de tels propos devant une petite fille âgée de neuf ans. « Voyons Prophessy, ta modestie te perdra… » Clyde en profita pour saisir doucement le bras du père et le forcer à se diriger vers les escaliers qui montaient à l’étage. Mais le Commandant se débattit violemment, envoyant une droite à son premier rejeton qui eut le loisir d’être projeter plus loin, pour terminer sa course la tête la première contre le carrelage froid. Un bruit désagréable d’os rompu se fit entendre. Par instinct, Prophessy saisit la main de sa jeune sœur, la menant derrière elle pour la protéger. Jamais l’ordure qui leur servait de père n’avait été si violent. Clyde à terre, elle ignorait ce qui allait se passer à présent, et pour la première fois depuis que ce gouffre profond s’était ouvert sous leurs pieds depuis cinq ans, la peur accélérait le palpitant dans sa poitrine. Elle voyait l’ancien Commandant qu’il avait été tous les jours durant son enfance, inspirant la confiance et le respect. Comment avait-il pu devenir cet être infâme ? Elle recula d’un pas, Bridgess toujours derrière elle, il s’approcha d’elle doucement et elle pu voir toute la folie dans ses yeux gris, les même qui lui avaient lu tant d’histoire lorsqu’elle était enfant. La brune ferma les yeux, attendant inquiète, ce qui allait arriver. « Espèce de porc !! » Prophessy ouvrit les yeux, Bridgess s’était dégagée, et le fixait une once de dégoût dans le regard. En un éclair, le Commandant écarta la benjamine et fondit sur la petite fille la rouant de coups. La petite sœur hurla, et la brune se précipita sur son père. Non, il ne pouvait pas faire ça à sa fille. Elle en pleurait, en criait de rage, se faisant plus mal à elle-même qu’à lui elle en avait bien peur. Alors que le visage de la cadette était défiguré, Prophessy comprit alors qu’il ne s’arrêterait pas avant qu’elle ait émis son dernier souffle. Lorsqu’il eut terminé sa tâche, le Commandant se releva, lâchant un sinistre « bonne nuit», enjamba le corps évanoui de son fils et monta à l’étage. Prophessy glissa lentement au sol, rampa, en larmes, jusqu’à la dépouille de sa petite sœur. Elle se saisit de son corps frêle et dévasté, et le serra contre elle. « Bree’, ma chérie reste avec moi. Ça va aller, ca va aller je te le promets. S’il te plait Bree, ne nous laisse pas avec lui. Ne nous laisse pas…» La cadette releva son visage déformé par les coups, et serra maladroitement la main de sa sœur. « J’ai peur, Sissy. Si Clyde…s’aperçoit que je lui ai prit son … » Ses derniers mots se perdirent dans son dernier souffle. Longtemps ces paroles restèrent dans les pensées de la belle brune. Jusqu’à ce que Madame Hannigan rentre de la gare, et ne découvre son fils à terre, ses filles couvertes de sang. Ce qui se passa après se perdit dans les méandres de la mémoire de Prophessy, y laissant un gouffre ténébreux, aussi noir que l’Enfer.