Le soleil pointait son nez à travers mes rideaux faits de voile. Un rayon de soleil vint à la rencontre de mon visage et je fus réveillée par cette douce chaleur sur mon visage. Un autre jour, cela m'aurait dérangé mais aujourd'hui, je n'avais pas l'intention de rester chez moi à rien faire. J'avais envie d'en profiter. J'aimais être actrice même si j'avais parfois l'impression que je n'étais qu'une fille quelconque parmi tant d'autres. Après quelques minutes pour me faire à l'idée de me lever, je sortis enfin de mon lit. J'ouvris ensuite mes fins rideaux et ma copine que j'avais invité à dormir après qu'on ait trop bu débarqua aussitôt dans ma chambre. Je ne pus m'empêcher de penser qu'heureusement pour elle, je m'étais réveillée avant sinon je n'aurais pas acceptée qu'elle me réveille ainsi. Je peux être très gentille mais aussi détestable dans certaines situations. Ma copine se jeta sur mon lit. Elle semblait de bonne humeur aujourd'hui et c'était tant mieux. "Ilithyia, tu m'aides à ouvrir mon lit au lieu de le défaire." "Bonjour, copinette. Moi aussi, je suis contente de te voir... Qu'est-ce qui t'arrives ?" "J'ai des choses à faire, figure-toi." Elle ne m'en demanda pas plus et tant mieux car je n'avais encore rien de prévu en réalité. Ilithyia m'aida à ouvrir mon lit, à remettre le drap-housse ainsi qu'à retaper mes oreillers. Je l'ai remercié d'un bisou sur la joue et j'ai filé à la salle de bain. Je pris une bonne douche sous laquelle je suis restée plus de temps que raisonnable. Je ne pouvais expliquer ma bonne humeur du jour car je ne savais pas moi-même à quoi elle était du. Peut-être était-ce parce que j'espérais voir Jayden aujourd'hui... Quelle douce pensée de si bon matin. Je secouais légèrement ma tête pour me forcer à penser à autre chose. Je savais que c'était peine perdue mais ce n'était pas grave. Je sortis de la douche, épongeais mon corps puis enroulais mes cheveux dans la serviette. Je pris la porte qui communiquait directement avec ma chambre et entrepris de choisir ma tenue du jour. Je portais mon choix sur un short en jean et une chemise à fines rayures indigo et azur. De quoi faire ressortir mon doux regard ! Je pris l'escalier afin de rejoindre la cuisine pour prendre mon petit déjeuner... si on peut appeler cela ainsi. Je pris une pomme et quittais la maison.

Je me suis assise dans ma voiture... Qu'est-ce que je foutais de hors dans ma bagnole ? Je ne savais même pas ce que j'allais faire de ma journée et j'étais là comme une idiote. Bref, je décidais de manger ma pomme tout en réfléchissant sur ce que j'allais faire. Je restais alors un bon quart d'heure dans mon véhicule. Je mis le contact et commençais alors à rouler alors que je ne savais toujours pas où j'allais aller. J'aperçus alors un panneau indiquant Central. Et si j'allais là-bas,, ce ne pourrait pas être plus emmerdant que de rester cloîtrée chez moi à regarder ces séries minables qui passaient en boucle. Il me fallut une bonne heure pour rejoindre la ville. Franchissant la limite pour pénétrer dans la ville, je vis quelqu'un débouler devant moi. Je me mis alors à piler afin de l'éviter. Purée, c'était quoi ce bordel ? A l'autre bout de la route, le garçon se retourna. Joshua ? Quoi ?Mais c'était totalement impossible. Ça allait faire un an que Joshua avait péri sous les armes. Que m'arrivait-il ? Ce n'était pas normal que je n'arrive pas à me remettre de la mort d'un frère avec qui je n'avais fait que m'engueuler continuellement. Les klaxons me sortirent de mes pensées. Je repartis alors pour rejoindre un parking où je n'eus aucun mal à trouver de la place. Une fois garée, je m'asseyais sur le banc le plus proche. Je me surpris à me dire que si j'avais fait autant de kilomètres seulement pour m'asseoir sur un banc que j'aurais également pu trouver à côté de chez moi. J'étais vraiment ridicule...

Dring. Dring. Dring. J'ouvre un oeil, à moitié réveillé. Mais putain c'est qui qui ose perturber mon sommeil comme ça ?! Me connaissant, j'arriverai plus à dormir pour le reste de la journée. Connard de téléphone. Mon regard se dirige vers le cadran sur ma table de chevet. Il est quelle heure là, sept heures du mat ? Ah ah même pas, il est exactement 6h57. Connard d'appeleur. Il a qu'à rester là à poireauter de l'autre côté de la ligne, parce que moi, j'vais pas répondre. J'enfouis ma tête sous mon oreiller et je laisse l'appareil sonner. Un coup, deux coups. Trois coups, quatre, cinq, six, sept. Bon sang qu'il est chiant ! Je m'empare de la boîte de mouchoirs à côté du cadran, et je la lance sur le combiné situé au mur en face de moi. Le combiné est alors décroché de la machine et pend par le fil en spirale qui le retient.

- Fichez-moi la paix merde, je marmonne, mais je suis sûr que l'autre a entendu.
- Yo Skelette, dis mon interlocuteur, et je me mordille aussitôt la lèvre en regrettant de ne pas avoir répondu avant.

Il s'agit de mon supérieur, et s'il appelle avant que je sois rentré au QG, c'est qu'il doit y avoir urgence. Je bondis sur mes pieds et cours les deux pas que j'ai à faire pour me rendre au téléphone. Mon supérieur m'annonce:

- On a repéré un suspect pour le cas n°151321. On a besoin de toi pour l'espionner, et pour intervenir au besoin. Tu dois rentrer immédiatement; tu recevras les informations supplémentaires au quartier général.
- Pourquoi moi ? ne puis-je m'empêcher de répondre.
- Devrais-je prendre ça comme un refus ?
- Non monsieur. J'arrive.

La ligne est subitement coupée et je me mets à râler tout seul. Fait chier, j'ai pas assez dormi. En ne me dépêchant pas plus qu'il le faut, j'enfile un t-shirt blanc et des pantalons aussi noirs que les bottes de cuir dans lesquelles je glisse mes pieds. Je mange un bol de céréales, j'me brosse les dents, la routine quoi. Enfin, sans oublier ma précieuse montre en argent, je quitte mon appartement - payé par l'armée et situé à deux rues du bâtiment militaire - pour rejoindre ceux qui m'ont convoqué. Lorsque je m'apprête à traverser la seconde rue, j'entends soudain les freins secs d'une voiture, et j'aperçois au volant une fille simplette au visage totalement abasourdi qui regarde droit devant. Yo, y'a rien devant toi... si t'es pour conduire comme une arriérée, ben on se passera volontiers de toi sur la route. Enfin, merci à cette petite sotte, le mini embouteillage qu'elle a provoqué me permet de franchir la rue sans problème. Je rejoins mes supérieurs et on m'explique ma mission: espionner un mec en costume chic et aux cheveux longs blonds, faire un rapport, ne pas intervenir avant d'en avoir la permission et surtout ne pas être repéré. C'est moi qu'on veut parce que, paraît-il, je suis l'un des seuls alchimistes d'état dont la promotion n'a pas été faite publique. Ce qui signifie que mon visage est inconnu pour une très grande partie de la population. Bref, on m'affirme que le suspect se trouve présentement dans une bijouterie non loin d'ici, et qu'il risque d'y passer plusieurs minutes. On veut que je reste dans le coin jusqu'au signal qui m'informera que le suspect se prépare à quitter la bijouterie; c'est là que je prendrai la relève.

Parfait, je peux traîner encore un peu. Je retourne à l'air frais de l'extérieur et m'assois dans les grands escaliers à l'entrée du bâtiment. Je ne reste pas là très longtemps: bientôt, plusieurs soldats sortent à leur tour et je me trouve rapidement envahi. Je me lève et me dirige vers le banc le plus près; celui juste en face, dans l'herbe au coin de l'intersection. Oh, coïncidence, la fille de tout à l'heure occupe déjà la moitié de l'espace disponible alors que les autres attendent debout autour d'elle. Ils croient qu'elle va les manger ou quoi ? C'est peut-être aussi une grande insociable de la vie ? Boarf. Que ça lui plaise ou non, elle va avoir un voisin de banc, parce qu'il est pas rien qu'à elle hein. Je viens m'installer à ses côtés et je m'allume une cigarette.

- T'es pas du coin toi, hein ? lui dis-je sans la regarder.

Qu'elle me réponde ou non, je m'en fiche. Je fais juste tuer le temps.