Attention, tu vas te brûler les ailes... [Prophessy]

An angel without a soul †

Quelle idée mais quelle idée. Vraiment. Qui penserait à volontairement s'isoler dans le désert le temps d'une journée afin de « méditer et s'ouvrir sur soi-même » ? Personne, évidemment. Sauf le lieutenant-colonel, un type étrange qui semble avoir la même mentalité qu'un clodo ayant avalé quelque chose de suspect... C'est bien son genre d'idée à lui, ça, de nous envoyer dans ce tas de sable fumant pour des raisons totalement absurdes ! Le pire c'est qu'on ne peut rien contester, avec lui. Du coup, nous voilà vêtus de voile sur le dos d'un chameau puant, avec comme seule réserve d'eau une gourde à moitié vide. On va prématurément se transformer en vieilles poires desséchées, moi et... elle. Prophessy. Ouais parce que j'suis pas seul là-dedans; le lieutenant-colonel l'a obligée à m'accompagner. « C'est quoi ça, une sorte de consolation ? » ai-je dit sarcastiquement quand il m'a annoncé que ma partenaire serait aussi là. C'est con, je sais pas comment il veut que je passe une période zen tout en ayant Pro' à mes côtés. Je soupçonne le L-G de vouloir en fait nous isoler pour qu'on arrête d'argumenter à propos de tout et de rien à chaque fois qu'on est ensemble et pour qu'on ne devienne qu'un en situation périlleuse. Pff, c'est tout de suite sans espoir. Ma partenaire (et je l'entends déjà hurler: « Mentor ! Je suis ton mentor ! » ), parce qu'elle est plus vieille et qu'elle est officiellement, pour vrai, mon mentor, croit que je lui dois obéissance. Elle peut toujours rêver, comme notre très cher lieutenant-cul. Elle a peut-être un quart de grade de plus que moi parce qu'elle m'a pris en charge, il n'empêche qu'elle n'a aucune chance contre mon alchimie, ce qui fait d'elle un être inférieur qui ne mérite pas mon attention. Gniark gniark. (J'adore la provoquer, c'est un fait.)

Là, on est présentement en train de cuire sous le soleil d'Amestris. Nos montures se traînent telles des larves malgré leur habitude à ce genre de climat. Depuis que la chaleur nous a frappés, je n'ai pas dit un mot - je ne veux littéralement pas perdre trop de salive. Juste au cas où. Qui sait, peut-être qu'on risque de se faire attaquer par un essaim de moustiques enragés, et j'aurai besoin d'eau - ce qu'on risque bientôt de ne plus avoir - pour être efficace. D'ailleurs, en parlant d'eau... c'est pas un p'tit oasis que je vois juste devant ? Je place ma main au-dessus de mes yeux pour bloquer les rayons accablants et mieux voir. Ah mais si, c'est bien ça ! Je brise enfin le silence - à moins que Pro' ait dit quelque chose, dans ce cas je suis terriblement navré, je n'ai pas dû l'entendre :) - et dans un cri enjoué, je m'exclame:

- Toi, t'es à moi mon beau !

Et brusquement, je donne un coup de talon à mon chameau qui sursaute avant de se mettre à galoper vers mon petit coin de paradis. Je ne regarde pas en arrière pour voir où en est ma partenaire. Je m'approche de plus en plus vers ce qui ressemble à un petit étang et je suis soulagé de voir qu'il ne s'éloigne pas à mesure que j'avance ! Il ne reste plus que quelques mètres entre le point d'eau et moi; vingt, dix, cinq... et PAF. Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, je me retrouve dans un énorme trou en forme de cylindre, où les parois qui retiennent le sable sont formées d'un métal gris-bleu. Je lève la tête, mais avec les reflets de la lumière sur métal, je suis immédiatement aveuglé.

- 'Tain, fait chier, je murmure. Puis j'élève un peu la voix: Hey la Pro, t'es là ?

Peu de temps s'écoule avant que je m'aperçoive que je suis tombé dans un fourneau géant. Tout comme la lumière, la chaleur est reflétée à l'intérieur de mon trou, et ma peau est en train de roussir. Bien joué, Skel.

PROPHÈTE INCOMPRISE ▬ « *d’une douce folie* »

Attention, tu vas te brûler les ailes... [Prophessy] 53610f94260451

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« Il y aura toujours quelque chose pour détruire nos vies. La seule question c’est qu’est-ce qui va nous tomber dessus en premier. On est toujours au bord du gouffre. » Charles Bukowski

Stupide. Complètement stupide.
Ses prunelles dérivèrent une fois de plus vers l’horizon, s’attardant sur les dunes dont le vent chaud faisait s’envoler le sable dans leur direction, lui faisant plisser les yeux malgré le verre protecteur de ses lunettes de soleil. La trotteuse de sa montre, quant à elle, se déplaçait à un rythme régulier... et agaçant. Étrange, comme le temps semblait ralentir lorsque l'on aurait voulu le voir filer. Elle avait apprit le matin même par le lieutenant-colonel qu’elle serait envoyée en ‘mission’ très spéciale dans le désert pour la journée ou tout du moins, le temps qu’il faudrait. Prophessy ignorait alors qu’il s’agissait en fait d’une journée ayant pour but de la faire fraterniser avec son petit ‘protégé’. Qu’est ce qu’il lui avait prit, d’ailleurs, de prendre sous son aile ce petit Alchimiste d’État, elle qui ne se liait jamais à personne ? Il avait beau avoir l’allure et la beauté d’un ange, Prophessy Disturbia de ses deux prénoms, avait tout de suite déchanté devant le caractère nonchalant, désagréable et insolent de Winthrop. Il avait la fâcheuse manie de la provoquer sans cesse, ce qui avait le don d’exaspérer profondément la jolie brune, d’autant plus que ces règlements de compte perpétuels devenaient problématiques lorsqu’ils étaient en mission.

Elle se trouvait donc en plein milieu de ce qu’était le désert brûlant bordant la frontière d’Amestris, habillée à la manière d’une bédouine enroulée dans des tissus bleus nuit traditionnels, sa paire de lunettes de soleil restant la seule touche de modernité qu’elle avait laissé dans sa tenue. La chaleur étouffante faisait peu à peu se coller ses cheveux cuivrés sur son front, lui donnant la désagréable impression de se liquéfier sur place. C’était dans ces moments là qu’elle se disait affectionner particulièrement le climat de Central, sa ville natale, et elle se rappelait alors détester particulièrement les voyages qui lui faisaient quitter son petit appartement de la capitale. Son humeur n’était pas près de s’arranger, étant donné qu’une demi-journée sur le dos d’un chameau qui semblait tout faire pour lui donner une furieuse envie de vomir, la ballotant sans la moindre délicatesse, commençait sérieusement à lui scier le dos et les jambes, sans compter qu’elle ne sentait plus ses fessiers depuis une bonne heure au moins. Mais alors qu’elle allait accélérer l’allure de son moyen de transport vivant pour rattraper Skelton, elle le vit à son tour accélérer l’allure de son chameau vers…rien du tout. Levant les yeux au ciel, l’idée de faire cesser les battements de son cœur et de le voir agoniser à ses pieds lui traversa l’esprit. Mais elle se résigna rapidement, avec un sens de l’orientation aussi pourri que le sien, elle ne survivrait pas une journée de plus dans ce désert avec deux gourdes à moitié vides. Elle se contenta donc de le suivre à son rythme, lorsqu’elle le vit disparaître au loin dans ce qui semblait être un gigantesque trou. Elle stoppa sa monture, alors qu’elle entendait la voix du jeune homme raisonner contre les parois métalliques.

- 'Tain, fait chier…Hey la Pro, t'es là ?

Elle descendit sans regrets de l’animal bossu et baveux, et s’approcha lentement du trou dans lequel Skelton était tombé. Se penchant légèrement pour ne pas tomber, elle constata que la cavité était au moins profonde de deux ou trois mètres, assez pour se fracasser la nuque sans même s’en rendre compte. Sa deuxième constatation fut que la lumière de l’astre brillant se reflétait dans les parois métalliques, renvoyant ses UV mortels directement sur la peau de l’alchimiste d’Etat. Un sourire caustique étira ses lèvres rouges, alors qu’elle lui jetait un regard victorieux.

- Et si ‘la Pro’ te laissait là ? Peut-être qu’après ça tu serais plus conciliant quand je te donnerai un ordre, tu ne crois pas, Skeltounet chéri ? Je crois que tu me dois de sincères excuses, c'est à cause de toi et de ton foutu caractère qu'on se retrouve pommés en plein milieu du désert. Mais ne t'inquiète pas, j’ai tout mon temps…

D’accord, s’était lamentablement puéril, mais le jeune homme ne lui laissait guère le choix, la poussant chaque jour à dépasser un peu plus les limites de l’entendement. Et elle y voyait l’occasion parfaite de se venger de tous les affronts qu’il lui avait faits durant ces derniers mois de travail, toutes ces pertes de temps et chamailleries futiles. Elle croisa son regard, l’éclat vengeur l’animant, et elle comprit que cette victoire n’était pas pour elle, mais pour son égo surdimensionné blessé et frustré par le gamin de dix-huit ans qu’elle se devait de prendre en charge. La belle Amestrienne s’assit confortablement sur le sable brûlant, attendant la moindre réaction assez judicieuse de la part de Skelton pour qu’elle consente à lui venir en aide. Caprice d’une petite fille meurtri ayant grandit trop vite.

An angel without a soul †

Aïe aïe aïe. Je ne suis même plus en train de fondre, je suis en train d'être grillé. Je ne suis plus qu'un bon morceau de viande sur le barbecue; encore heureux qu'il n'y ait pas, en haut, un espère de monstre dégoulinant de bave qui me savoure déjà des yeux avec ses ustensiles à la main. Je ne suis pas tombé de bien haut - je dirais deux ou trois mètres, pas plus. N'empêche, avec la vitesse à laquelle j'allais, j'aurais pu être gravement blessé lors de l'atterrissage au fond de ce trou. Mais comme c'est la bête à deux bosses qui a pris tout le choc... Je fronce brièvement les sourcils en me rappelant de mon cher ami le chameau. Je regarde derrière moi, à moins d'un mètre de distance: Chameau est couché au sol, les pattes brisées et le crâne assommé. Chameau ne vivra pas bien longtemps, et moi non plus si je ne trouve pas moyen de sortir de là. Je viens d'appeler Prophessy mais elle n'a pas l'air de vouloir me répondre, si elle est là. Ou bien c'est qu'elle aime prendre son temps celle-là.

- Et si ‘la Pro’ te laissait là ?, demande-t-elle sur un ton hautain. Peut-être qu’après ça tu serais plus conciliant quand je te donnerai un ordre, tu ne crois pas, Skeltounet chéri ? Je crois que tu me dois de sincères excuses, c'est à cause de toi et de ton foutu caractère qu'on se retrouve pommés en plein milieu du désert. Mais ne t'inquiète pas, j’ai tout mon temps…

Elle me regarde de haut, comme si je n'étais qu'un insecte piégé dans un pot en verre. Ptain, j'ai le goût de l'entraîner en bas avec moi. Ce n'est vraiment pas l'envie qui manque. Cependant, j'ignore quel métal exactement elle sait maîtriser et quel métal sur lequel son alchimie n'aurait aucun effet. Peut-être que si nous étions tous les deux piégés dans ce trou, on n'aurait plus aucun moyen de se sortir de là seuls. En attendant ma réponse, mademoiselle s'assoit paisiblement sur le bord du creux, ne se départissant pas une seule seconde de son allure triomphante. Et pendant ce temps, moi, je boude. Quelles sont mes options ? Que puis-je faire ? Je refuse catégoriquement de me soumettre à elle, ne serait-ce que pour les heures qui suivent. Mais ai-je vraiment le choix, si je souhaite retrouver le niveau du sable sans auparavant avoir été calciné... ?

- Prophessy, je suis désolé...

C'est ça que tu voulais entendre, hein ? Voilà, c'est dit.

- ... mais je ne peux te mentir en te disant que je le suis sincèrement.

Rêve toujours, ma vieille. Les vraies excuses de ma part, ce sera pour quand elles seront réellement méritées.
Je me dirige lentement vers Chameau, qui s'est probablement évanoui ou un truc du genre, puisqu'il ne bouge plus. Je le caresse près des oreilles, pour vérifier qu'il soit bien inconscient, puis je m'assois sur son ventre un peu velu. Puis je lève la tête vers Pro en lui offrant mon plus joli sourire.

- Reste là aussi longtemps que tu le veux, moi aussi j'ai tout mon temps.

Malgré les ondes de chaleur pénibles, j'ai un avantage qu'elle n'a pas, et je vais le lui prouver. De ma petite trousse, je sors une dague bien effilée que je n'étais probablement pas censé avoir, mais que j'ai apporté quand même. Puis, subitement, brusquement, je tranche le cou de ma pauvre monture. Elle était vouée à la mort de toute façon. Je promène ensuite ma lame à travers sa chair, faisant couler le sang sur mon passage. Heureusement pour moi, le chameau est une grosse bête. Et une grosse bête = beaucoup de sang. Donc beaucoup d'eau.

En activant les cercles de transmutation sur mes bras, j'extrais l'eau pure du corps de l'animal et remplis ainsi ma gourde.

- Mmmh. Ça fait du bien d'avoir une réserve d'eau fraîche avec soi n'est-ce pas ? dis-je en levant ma gourde vers Prophessy.

Je crois que, si je déployais les efforts nécessaire, je pourrais utiliser toute cette eau pour me faire une colonne de glace qui me propulserait vers le haut. Mais mon mentor finira bien par m'aider, n'est-ce pas ? Nous sommes partenaires, après tout ;)