made by anya, vidéo de AmvAlchemist

L'omniprésent tic tac de ma montre à gousset commençait à m'oppresser. Mon souffle se fit plus rapide et mon cœur commença à battre en rythme avec les tambourinements de cette aiguille infernale. Comment avais-je pu être léger au point de penser qu'être Alchimiste d'État ne se serait qu'avantageux. Les balles volent, les cris résonnent puis ce silence. Encore ce foutu silence, seulement troublé par cette horloge infernale. J'ai été convoqué il y a de cela une semaine. Le grand final. L'armée n'arrivant pas à stopper la rébellion Ishbal, les hautes insistances ont décidé d'y envoyer leur arme secrète. Le clou du spectacle. Je me sens lourd, comme un automate à force de répéter les mêmes gestes. Joindre mes mains pour former le cercle de transmutation tatoué à même ma peau, voir le sol trembler, des racines sortirent des entrailles de la terre pour terrasser de pauvres citoyens. GreenThumb alchemist, l'alchimiste aux mains vertes qu'ils m'appellent, ces enflures. Les âmes que j'arrache viennent se poser sur ma conscience. Je pèse lourd. Des tonnes. Alliage écrasant de morts et d'espoirs défaits, je bute sur chaque pierre du chemin. Je tombe et me relève, et tombe encore. Je pèse lourd, ancré au sol, écrasé de pesanteur. Atlas aberrant, je traîne le monde derrière moi. Je pèse lourd. Pire qu'un cheval de trait. Pire qu'un char d'assaut.

« Chéri ? Est-ce que ça va ? Tu t'es endormi en lisant ton journal... »
« ...Oui, oui, ça va. »
« Tu as encore rêvé d'Ishbal ? »
« Mmh... Je suis censé renouveler ma licence d'alchimiste d'état aujourd'hui. Les mauvais souvenirs remontent. Comme à chaque fois. »
« Tu n'es pas obligé de le faire, d'ailleurs, je ne veux pas que tu le fasses. Depuis des années, notre fille et moi même subissons aussi tes cauchemars de la guerre. Pour l'instant nous vivrons de mon métier, tu en trouveras un autre en rapport avec la nature après. C'est ça, ou c'est nous...»

Je lève dramatiquement les yeux vers ma femme, c'est elle qui a raison, je dois renoncer. Beaucoup des Alchimistes d'État envoyés à la guerre en ont gardé un traumatisme profond. Ces journées là, nous avons entrevu l'enfer. Je l'embrasse, vais voir ma fille endormie, dépose un baiser sur son front et jette une veste sur mon dos. Je franchis la porte, baisse mon regard sur la montre à gousset pendue à ma ceinture. Je sais qu'en la rendant, je ne me libèrerais pas de mes fautes, mais je pourrais au moins fermer les yeux la nuit. Malgré la lâcheté que peut avoir mon geste. Un sourire aux creux des lèvres, je pars à l'assaut des rues de Central pour arriver aux Quartiers Généraux.